Qu’est ce qui définit un manga ?

Ikuko

Qu’est-ce qu’un manga ?

Manga, en japonais, signifie « dessin divertissant » (ga = dessin ou image et man = divertissant). Souvent, le terme manga est utilisé, à tort, pour désigner les séries animées japonaises qui passent à la télévision. Pourtant, c’est bien du livre qu’il s’agit.

Au Japon, depuis les années 1940, le terme « manga » désigne toutes les bandes dessinées. Par exemple, un « Tintin » au Japon est désigné comme « manga ». Or, en Occident, le terme manga désigne des bandes dessinées produites en Asie utilisant des codes graphiques japonais et qui sont souvent publiés en noir et blanc.

Les mangas se lisent originellement de droite à gauche, ce qui correspond au sens de lecture japonais. En effet, au Japon, le sens de lecture classique est de haut en bas, à partir de la droite.

Des dessins de style manga ?

Le style de dessin type manga fait référence à un genre de dessin avec de grands yeux, pas très réaliste. Or, on ne peut pas dire que tous les mangas sont dessinés ainsi. Chaque dessinateur de manga (mangaka) a son propre style de dessin. Un livre manga n’est donc pas défini par son style de dessin.

« Fruits basket » de Natsuki Takaya  (ed. Delcourt), « Mes voisins les Yamada » de Hisaichi Ishii (ed. Delcourt) et « Pluto » d’Urasawa Naoki (ed. Kana) : des graphismes différents, des thèmes différents et des styles différents mais tous des mangas.

Si vous lisez souvent des livres définis comme des mangas, vous êtes sans doute habitués à certains codes graphiques utilisés par les auteurs : des yeux remplis d’étoiles, les crocs qui poussent, des grosses gouttes de sueurs qui font irruption derrière l’oreille, une grosse veine qui apparaît sur le crâne, etc. Alors que dans la société japonaise il est de mise d’agir avec calme et retenue et de ne pas trop exprimer ce que l’on ressent, les personnages de mangas sont extrêmement expressifs et leurs émotions souvent caricaturées.

Les onomatopées

Le japonais est une langue très riche en ce qui concerne les onomatopées. Elles sont donc très utilisées dans les mangas et même parfois intégrées dans les dessins.

Au Japon, il existe un nombre incalculable d’onomatopées qui sont, dans la langue courante tout comme dans les mangas, très important pour mettre en valeur l’état émotionnel du personnage ou pour illustrer les bruits familiers que l’on pourrait entendre dans l’environnement ou le paysage.

Beaucoup de traducteurs doivent certainement être embêtés pour traduire toutes ces onomatopées !

Par exemple, ci-dessous, dans cette case extraite du manga « Ranma 1/2 » de Takahashi Rumiko, nous voyons les différences entre l’original et la traduction :

Dans l’original, nous avons plus d’informations qu’en français. Dans la traduction française, on voit juste que les deux personnages boivent leur soupe en faisant « shrup », alors que dans la version japonaise, l’un boit en faisant « zo zo … » (par petites gorgées) et l’autre en faisant « zu- » (longuement, de façon moins bien élevée). Il y a également une autre information assez importante avec l’onomatopée « ji- » qui a disparu dans la version française : la fille regarde les deux hommes boire avec insistance car inquiète de leur réaction quant au goût de la soupe qu’elle a préparée.

Les trames

On a vu que les mangas sont, pour la majorité, en noir et blanc. Cela s’explique par des contraintes de rythme de parution (cf. l’article « Être mangaka au Japon ») et des frais d’impression. Pour ne pas avoir des pages toutes tristes, sans nuance et sans relief, les dessinateurs vont donc ajouter ce qu’on appelle des trames. Ce sont généralement les assistants des mangakas qui sont chargés de tramer les dessins.

Les trames sont des points ou traits noirs qui vont donner des nuances d’ombres et lumières aux dessins. Plus la fréquence de ces points est resserrée, plus la zone va être noire.

Extrait du manga de Tezuka Osamu "Le Roi Léo", 1950-1954. On peut voir de petites irrégularités dans les trames car fait mains.

Au tout début de l’histoire du manga, autour des années 1950, lorsque les trames autocollantes n’existaient pas, les mangakas et leurs assistants faisaient tout à la main et hachuraient leurs dessins à la plume, en jouant avec les traits et l’épaisseur de la plume. Faire une page prenait donc un temps fou et il ne fallait pas se tromper au risque de recommencer la page entière.

Les trames se présentent par la suite sous la forme de planches autocollantes. Pour les utiliser, on commence par découper dans une feuille de trame une forme un peu plus grande que la zone à tramer. Pour découper des trames, on utilise toujours un cutter. On fixe la trame sur le dessin encré en décollant une pellicule de papier qu’il y a dessous (comme un autocollant) et on la coupe à nouveau avec plus de précision. On la fixe ensuite définitivement en appuyant fortement dessus. On peut également superposer des trames. Pour rajouter des effets de lumière, on gratte les zones à éclaircir à l’aide de la pointe du cutter. Il existe également des gommes à trames.

Aujourd’hui le tramage se fait de plus en plus à l’ordinateur car plus rapide et plus économique.

Les mangas en couleur ?

Avec l’avancée du numérique et des logiciels de dessins spécialisés, des mangas tout en couleur sont maintenant possibles tout en gardant un rythme de parution classique et certains auteurs ne s’en privent plus.

Extrait du tome 18 du manga "Dragon Zakura" de Norifusa Mita, version Full Color.
Extrait de "Musoushinki Raigasuto" tome 1 de Shouji Imaki, manga dans le sens occidental.

Ces mangas dites « furukaraa » (japonisation de l’anglais « Full Color »), certes un peu plus cher que les mangas classiques d’une centaine de yens (environ 1 euro), commencent à prendre place dans les rayons.

Même si beaucoup disent que l’art du manga était de faire des pages « colorées » en utilisant uniquement du noir et blanc, nous voyons que l’univers du manga évolue petit à petit. 

De plus, depuis le début des années 2000, avec l’arrivée des Webtoons (bandes dessinées numériques coréennes qui se lisent de haut en bas) sur les écrans et des manhwas (bandes dessinées coréennes qui se lisent dans le sens occidental), quelques auteurs japonais commencent à s’adapter à un sens de lecture plus facile pour la majorité mondial.

Ainsi, en couleur ou en noir et blanc, dans n’importe quel sens de lecture, avec des cases dynamiques ou non, et dans n’importe quel format, aujourd’hui, le manga désignerait un style narratif de bande dessinée et non un style graphique.

Vous aussi vous pouvez faire des mangas dans le style que vous souhaitez 🙂

Si vous avez des mangas dans le sens de lecture occidental, n’hésitez pas à envoyer votre projet à la maison d’édition KIWI E.L.G. ou si vous souhaitez concrétiser votre projet de devenir mangaka, pourquoi ne pas prendre des cours de dessin avec moi ?