Les dates importantes de l’histoire du manga

Brève histoire du manga au Japon

"La Manga" d'Hokusaï (tome 15)

Dérivé des estampes japonaises et des caricatures pour le style graphique, inspiré des bandes dessinées américaines concernant la forme, le manga est apparu au Japon au début du vingtième siècle. Ce nouveau genre a connu un succès croissant jusque dans les années 1940.

Après la guerre, l’influence des comics américains et de l’univers de Disney se fait encore plus forte et les premières séries animées, qui reprennent les histoires développées dans les mangas, apparaissent. 

C’est d’ailleurs inspiré par Disney que Tezuka Osamu réalise au début des années 1960, la première animation qui sortira sous le nom de « Tetsuwan Atomu » (Astro, le petit robot).

Les publications se multiplient alors et le manga rentre complètement dans les mœurs japonaises. Comme les mangas sont bons marchés au Japon, ils touchent toutes les catégories d’âge et toutes les catégories sociales. Aujourd’hui, beaucoup de Japonais lisent ou ont lu des mangas.

Voici ci-dessous quelques dates de l’histoire du manga et de l’animation japonaise que je trouve importantes :

1814 : Le terme « manga » est créé par Hokusai (1760-1849), peintre japonais, afin de nommer ses carnets de croquis, destinés à ses disciples, illustrant des scènes de la vie quotidienne.

1902 : Le peintre Kitazawa Rakuten (1876-1955), qui travaille pour le journal « Jiji Shinpô », propose en bonus des caricatures narratives destinées aux enfants à la fin de ce journal. Il donne alors à ses œuvres le nom de « manga » et se désignera lui-même « mangaka ».

1905 : Kitazawa Rakuten fonde son propre journal satirique, le « Tôkyô Puck » dans lequel il conçoit des planches à six cases, à la mode occidentale. Le journal est en couleur et les dessins sont toujours des caricatures, souvent politiques.

Couvertures de Tokyo Puck

1909 : Création de la maison d’édition Kodansha.

1914 : Suite au succès de « Tokyo Puck », Kitazawa Rakuten créé un magazine pour les enfants en couleur : « Kodomo no Tomo ». Le manga se dirige ainsi vers un public beaucoup plus jeune.

Années 1920 : Des magazines mensuels proposant des mangas font leur apparition. Ces magazines sont destinés d’abord aux garçons (Shônen Club), aux filles (Shôjo Club) puis aux jeunes adultes (Yônen Club).

1922 : Création de la maison d’édition Shôgakukan.

1925 : Création de la maison d’édition Shueisha.

Kamishibai d'une histoire revisitée de "Kintaro"

1930 : Les mangas sont détournés et deviennent des œuvres de propagandes. Des conteurs de kamishibai (théâtre d’images) font leur apparition. Chaque séance de kamishibai propose des histoires pour filles, pour garçons et pour adultes, sur le modèle des mangas shôjo, shônen et seinen (jeune homme).

1939 : Début de la seconde guerre mondiale, avec la montée en puissance d’un gouvernement japonais autoritaire et expansionniste, les kamishibai prennent un ton plus patriotique proche de la propagande.

1945 : Après la défaite, peu à peu, les journaux satiriques et humoristiques reparaissent et se diffuse de nouveau. Les héros de manga changent peu à peu, véhiculant des idées bien précises. Le but est de redonner de l’espoir aux futurs générations.

1946 : Machiko Hasegawa (1920-1992) débute son manga « Sazae-San » qui sera l’un des premiers yonkoma (manga à 4 cases) de l’histoire. « Sazae-San » relate de façon humoristique le quotidien d’une famille japonaise banale après les événements de la seconde Guerre Mondiale.

1947 : Publication du manga « Shin-Takarajima » (La Nouvelle Île au trésor) de Tezuka Osamu (1928-1989). L’auteur pose alors les premiers codes du manga moderne qui en deviendront les bases.

1948 : Création de la Toei animation.

1950 : Tezuka Osamu publie « Jungle Taitei » (Le Roi Léo), les codes mangas se précisent.

1953 : Publication du premier manga shojo « Ribon no Kishi » (Princesse Saphir) de Tezuka Osamu.

1954 : Kodansha lance le premier magazine hebdomadaire de prépublication de manga « Nakayoshi », axé sur les mangas shojo (pour jeunes filles). Les autres maisons d’éditions proposent également leur magazines dès l’année suivante.

Tezuka Osamu dans les années 1950
"Sebangou Zero"

1956 : Publication du premier manga sportif « Sebangou Zero » (Numéro de maillot 0) de Terada Hiroo.

1957 : Introduction du terme « gekiga » par le mangaka Tatsuki Yoshihiro afin de désigner ses œuvres à caractère dramatique.

1958 : La Toei animation crée sa première animation colorée « Le serpent blanc ».

1961 : Publication de « Kuchi ga mimi made sakeru toki » (« Lorsque la bouche se fend jusqu’aux oreilles », manga non traduit en français) d’Umezu Kazuo. L’auteur propose un style graphique original pour un thème nouveau : l’horreur et l’épouvante. Afin de faire peur visuellement, il dessine des personnages très détaillés et très réalistes, il n’hésite pas à exagérer les ombres pour rendre les expressions plus fortes.

1962-1973 : Tezuka Osamu crée la Mushi Production afin de concurrencer la Toei Amination. C’est le premier studio d’animation à créer uniquement pour la télévision.

1963 : La première série d’animation japonaise est diffusée à la télévision. C’est « Astro Boy » de Tezuka Osamu, créé chez Mushi Production. La série rencontre un succès phénoménal.

1963-1971 : Création du studio d’animation Studio Zéro, composé des mangakas Suzuki Shinichi, Ishinomori Shōtarō, Tsunoda Jirō, le duo Fujiko Fujio et Akatsuka Fujio : ils animent leurs propres œuvres pour la télévision.

"Astro boy"

1968 : Publication du manga « Ashita no Jo » de Tetsuya Chiba et Asao Takamori qui est présenté comme un shônen. Cependant, ce manga est le précurseur des mangas seinen d’aujourd’hui car son histoire s’adresse à un lectorat adulte en exploitant des sujets tels que la violence, la crise financière et la mort, tout en dénonçant une réalité sociale injuste.

1969 : Publication de « Doraemon » de Fujiko Fujio, le premier manga destiné aux enfants et qui deviendra par la suite une franchise médiatique avec beaucoup de produits dérivés et des projets éducatives.

"L'école emportée" d'Umezu Kazuo

Années 1970 : Au Japon, le marché du manga explose et c’est une véritable industrie qui se développe à côté de ce support. Depuis lors, environ les 3/4 du marché se partage entre trois maisons d’éditions phare : Shûeisha, Shogakukan et Kodansha.

1972 : Publication de « L’école emportée » d’Umezu Kazuo. L’auteur pose ici les bases du manga d’horreur en mettant en place la folie psychologique comme le thème majeur.

1978-1981 : En Suisse, Atoss Takemoto et Rolf Kesselring lancent une revue permettant de faire découvrir la bande dessinée japonaise. La revue nommée « Le Cri qui tue » est distribuée dans les pays francophones limitrophes mais ne rencontre pas de succès : les mangas sont jugés comme des bandes dessinées avec « un graphisme et des scénarios de qualité moyenne » selon Le Collectionneur de bandes dessinées, une revue d’études sur l’histoire de la bande dessinée.

1979 : En France, les premiers mangas sont traduits. « Le vent du nord est comme le hennissement d’un cheval noir » d’Ishinomori Shotaro (plus en vente) et « Gen d’Hiroshima » de Nakazawa Keiji (éd. Les Humanoïdes associés).

1987 : L’émission « Club Dorothée » est diffusée en France et propose des dessins animées japonais aux jeunes.

1989 : En France, Ségolène Royale (alors députée de la 2e circonscription des Deux-Sèvres) accuse l’animation japonaise d’être trop violente. Elle affirme que celle-ci est la source de tous les problèmes liés aux enfants. L’hebdomadaire Télérama et le président du CSA de l’époque Hervé Bourges rejoignent ses idées. Pourtant, dans la même année, « Dorothée magazine » est vendue dans toutes les librairies et sera l’hebdomadaire de plusieurs générations d’enfants jusqu’en 2006.

Couverture du premier numéro "Club Dorothée magazine"

Entre 1994 et 1999 : Des magazines de prépublication de mangas comme Kameha ou Manga player voient le jour en France. Cependant, ces magazines disparaissent au bout de quelques années pour laisser places aux maisons d’éditions spécialisées dans les mangas comme Pika ou Kana.

1997 : Fin de l’émission « Club Dorothée » suite à la mauvaise image véhiculée par les médias entre autres raisons. Les jeunes se rabattent alors sur les versions papiers de leurs dessins animées préférés et l’importation en masse des mangas commencent.

Les années 2000 marquent une explosion dans le marché du manga avec la popularisation d’internet. Et aujourd’hui, beaucoup de monde a entendu parlé de manga.