Evolution dans la traduction des mangas en France
Si on remonte dans les années 1990, croyant certainement que le public serait réfractaire à la lecture au format japonais (de droite à gauche), les premiers mangas étaient publiés dans le sens de lecture occidental.
Les images étaient alors retournées, ce qui apportait quelques incohérences scénaristiques. Aujourd’hui, beaucoup de mangas sont publiés dans leur sens de lecture original, ce qui permet certainement un rythme de parution plus rapide. De plus, les seuls titres disponibles sont le plus souvent ceux dont la série animée est passée sur les chaînes françaises.
Exemples en images, les pages du manga « Ranma 1/2 » inversée pour la traduction.
Les bulles des mangas sont souvent verticales et donc pas toujours pratiques pour caser les textes en français. En effet, les Japonais écrivent habituellement de haut en bas, c’est donc plus lisible de faire des bulles allongées verticalement dans les mangas.
Dans certains mangas, comme « Hikaru no Go » (de Takeshi Obata et Yumi Hotta), lorsque des personnages, venant d’un pays où on écrit horizontalement (de gauche à droite), parlent, les bulles sont allongées horizontalement et le texte est écrit dans le sens occidental. Les auteurs jouent ainsi sur les sens de lecture pour montrer aux lecteurs que leurs personnages parlent une autre langue.
Ci-contre, une image tirée de « Hikaru no Go » où les bulles sont allongées horizontalement pour montrer que le personnage n’est pas japonais.
Bien entendu, la jeune femme japonaise ne s’appelle pas Juliette dans sa version originale.
Aujourd’hui, les couvertures des mangas ressemblent le plus souvent à la version d’origine. Les maisons d’édition osent désormais sortir des titres originaux et le choix des mangas est donc devenu très large.
Si vous êtes lecteurs de mangas depuis quelques années, vous aurez aussi remarqué que, petit à petit, la traduction française prend en compte le fait que les lecteurs sont de plus en plus au courant des mœurs et coutumes japonaises. On trouve également beaucoup de mots ou expressions en japonais alors que ces mêmes mots étaient encore systématiquement traduits il y a peu. Par exemple, si Bruno allait encore acheter un casse-croûte à l’épicerie en 1995, aujourd’hui c’est Katsuo qui prend son bento au combini. De même, au début les personnages étaient presque systématiquement désignés par leur prénom, car en Europe ce n’est pas très répandu de s’appeler par son nom de famille tandis qu’au Japon cela est une marque de respect. Cela change maintenant et même en cours de parution d’une série (cf. « Fruits basket » de Takaya Natsuki aux éditions Delcourt).
Les préjugés dont souffraient les mangas et en souffrent encore un peu
Dans les pays occidentaux, ceux qui n’ont jamais lu de mangas mais en ont entendu parler pensent souvent à tort que :
- les mangas sont violents
- les mangas sont très axés sur le sexe
- les héros de manga passent leur temps à se poursuivre pour se taper dessus
- les scénarios de mangas sont bêtes
- les mangas sont réservés aux enfants
Certes, il existe des mangas violents, des mangas érotiques et d’autres réservés aux enfants, certains scénarios ne volent pas très hauts non plus mais il ne s’agit que d’une infime minorité des mangas.
Mangas sentimentaux, philosophiques, psychologiques, d’aventure, historiques, fantastiques, policiers, humoristiques, de sport, d’épouvante et même de cuisine : les genres sont au moins aussi variés que dans la BD européenne. Le manga s’adresse donc à un public très large.
Il existe des mangas pour tous les âges et tous les goûts.
Même la bible existe en version manga
(image ci-contre : « La Bible Manga, Volume 4 :
Le Messie » de Kozumi Shinozawa)
Le prix des mangas
Un manga est généralement moins cher qu’une bande dessinée. En effet, les pages sont en noir et blanc avec une couverture souple et un petit format. Le prix d’un volume varie généralement entre 5.40€ et 10.00€ et ne dépasse qu’exceptionnellement les 10.00€. Malgré tout, comme les séries sont souvent longues, être un lecteur assidu peu rapidement vous coûter cher.
La solution peut être alors de s’inscrire dans une bibliothèque, se rendre dans un manga-café ou acheter des mangas d’occasion.
Manga et internet
Le développement d’internet a joué un grand rôle dans la popularité des mangas à l’étranger. La France est un pays où beaucoup de séries mangas sont publiées mais ce n’est pas forcément le cas de ses voisins.
Outre l’explosion des sites consacrés aux mangas et des forums où l’on peut parler de ses séries préférées, internet a permis de faire connaître des séries qui n’étaient pas publiées en Europe et sans doute, leur succès sur le web a permis de faire pression pour leur publication.
Il existe même depuis le début des années 2000, un nouveau format pour les bandes dessinées asiatiques, adapté aux écrans, qui vient de la Corée du Sud : les Webtoons. Ces bandes dessinées sont au format vertical et cela nous permet de faire défiler l’histoire de haut en bas sur nos écrans pour une lecture plus fluide.
Moi aussi, je fais des mangas : n’hésitez pas à découvrir mon travail 🙂